Dans une composition tendue de nuances de rouge et de violet, un homme aux yeux fermés lève ses bras chargés de chaînes au-dessus de sa tête, comme pour se protéger. Les mains d'un inconnu s'agrippent à ses cheveux et à son cou. Il est entouré par le bras droit d'un autre inconnu. Dans le coin supérieur gauche de l'image, on voit un homme chauve qui regarde vers le bas, replié sur lui-même. On ne sait pas très bien si l'homme va ouvrir les yeux l'instant d'après, s'il est prisonnier ou torturé.

Avec cette représentation inquiétante, pleine de mélancolie et de dépression, Ruth Baumgarte aborde le sujet absolument tabou du suicide. Jusqu'au 20e siècle, le fait de s'ôter la vie était considéré comme un péché, un crime ou encore un comportement pathologique.

Avec l'aquarelle Der Entschluss, Ruth Baumgarte réagit au suicide de son cousin Dieter Noack en 1975 et traite de sa décision. Le visage du cousin semble digne, les mains et les chaînes qui l'agrippent symbolisent la prison mentale dans laquelle il est tombé et qui l'a poussé à son acte. Une représentation particulièrement profonde et empathique.

Dieter Noack (dit Didi) a été de nombreuses fois le modèle de portraits de Ruth Baumgarte dans les années 1940 et 1950.